lundi 12 mars 2012

Amusés et intimidés


C'est avec une certaine émotion que je vous annonce que mes kataras sont en visite au musée jusqu'au mois de juin et ça vous laisse largement le temps de venir les rencontrer. On n'avait pas le droit de photographier et de toucher mais c'est la semaine d'Art et subversion et je n'ai photographié qu'eux.  La valise  en cuir n'est pas à la bonne place, elle cache les inscriptions sur la malle trouvée dans la rue à Lisbonne  mais ce n'est pas bien grave ...


Peu de temps après mon arrivée à Canala, j'ai commencé à peindre ces masques que j'ai appelé « katara », mot que j'ai emprunté à la langue xaracuu. J'ai ramassé ces restes de palmes au milieu des feux destinés à s'en débarrasser ou au pied des cocotiers, taillés par les hommes. Ce sont la forme et la taille de chaque palme qui me dictent le graphisme. En séchant, le masque se modifie encore après mon intervention, comme s'il continuait à vivre , il rétrécit ou s'élargit, se tord dans un sens ou dans l'autre. Ces kataras sont pour moi comme des mots que je n'arriverais pas à prononcer ou qu'on n'arriverait pas à entendre : une tentative pour communiquer avec mon environnement : naturel et humain. Des messages, des messagers.

Depuis trois ans, j'offre ces kataras à tous ceux qui leur témoignent de l'intérêt. Ils sont un objet de médiation, de communication, d'échange.
L'an dernier, au lycée agricole de Pouembout, j'ai pu passer une après midi à peindre des kataras avec les lycéens (sous la responsabilité de leur professeur Ledji Below) C'est à ces jeunes Calédoniens de toutes origines que je dédie cette installation.
J'ai choisi de présenter ma « collection » de kataras dans des valises. Depuis des années, je collectionne les malles et valises abandonnées, je les ai trouvées dans les rues des villes où j'ai vécues ou dans les brocantes. Certaines sont un héritage familial.


Je viens d'un pays qui en s'urbanisant et s'industrialisant s'est éloigné de la nature. Je suis celle qui pose ses valises et regarde ce monde nouveau qui l'entoure. Non pour le conquérir ou le détruire. Pour apprendre. Pour partager.


Cette installation est la seconde partie de la série : « Je vous salue dans le silence *» la première partie a été présentée au Centre d 'Art pendant le Festival des Arts Mélanésiens 2010.

*Titre empunté à un vers de Leopold Sedar Senghor dans « Prière aux masques »

Masques ! Ô Masques !
Masque noir masque rouge, vous masques blanc - et noir -
Masques aux quatre points d'où souffle l'Esprit
Je vous salue dans le silence !


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