vendredi 29 octobre 2010

la tristesse


Je vole les mots d'Agnès pour vous les offrir.


Je crois que l’art peut guérir et l’art rend triste, et moi je ne rejette pas cette tristesse. A chaque fois que je vois du beau je peux être saisi d’un flot de tristesse qui est peut-être celle de la durée de ma vie, qui est peut-être celle de ne pouvoir posséder cette beauté, qui est peut-être celle de l’éphémère de cette oeuvre ou de ma propre vie. Mais quoi qu’il en soit, c’est une tristesse à laquelle j’ouvre les bras, j’accepte la tristesse comme j’accepte la nuit contre le jour, comme j’accepte l’hiver contre l’été ou l’automne contre le printemps. Il me paraît naturel, si je saisis la joie, de laisser aussi venir la tristesse. Et je crois que la tristesse accouche toujours d’une joie et donc il faut savoir la laisser venir à soi.

Abbas Kiarostami, Cosmopolitaine, France Inter, 16 mai 2010

3 commentaires:

  1. J'ai moi aussi savouré ce texte ce matin. Mon boulot va finir par être l'endroit où je me précipite tous les matins pour ouvrir des fenêtres sur les âmes ... J'ai un très grand écran depuis peu et mon assistante m'a félicitée hier pour la beauté de mon fond d'écran (je n'avais pas eu le temps de fermer ton blog !). Bise

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  2. savouré, c'est exactement ça. Après ces journées éprouvantes, nous prenons la route du Nord pour découvrir d'autres mondes. Bise

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