jeudi 24 mai 2012

Katarabribus


transport commun, sur la ligne bleue et sur la ligne violette
( je vous salue dans le silence, 3ème partie)

Il y a longtemps que je voulais amener mes kataras* dans les rues de Nouméa. L'exposition « La ville et ses chemins de traverse » m'en donne l'occasion.

Je vis loin de Nouméa et je m'y sens étrangère. J'ai cherché à renouveler mon regard sur la ville, à trouver une autre manière de l'explorer : j'ai pris le bus.
J 'ai pris la ligne bleue qui traverse la ville d'ouest en est et d'est en ouest puis la ligne violette qui va du nord au sud et du sud au nord, deux lignes de bus qui passent à proximité du Centre d'art.

Nouméa, ville océanienne ? s'interroge Dorothée Dussy dans son livre sur la ville de Nouméa, sa géographie, son histoire et ses habitants. Une ville océanienne, sans aucun doute quand on voyage en bus même si les arrêts s'appellent Jean Moulin ou 18 juin. Les chemins suivis par les bus dévoilent d'autres villes dans la ville, il y a du visible et de l'invisible, du tape à l'oeil et du  caché. Il y a aussi des rencontres aux arrêts de bus.

C'est aux arrêts de bus couverts de signes que j'ai décidé d'installer mes kataras de façon éphémère, à proximité du Centre d'art, puis pendant la durée de l'exposition du 24 mai au 29 août sur l'itinéraire des lignes bleue et violette, les offrant au regard des passagers et des passants (et les offrant tout court).

A ces « voyageurs  quotidiens », je dédie la troisième partie de Je vous salue dans le silence**


          *Peu de temps après mon arrivée à Canala, j'ai commencé à peindre ces masques que j'ai appelé « katara », mot que j'ai emprunté à la langue xaracuu. J'ai ramassé ces restes de palmes au milieu des feux ou au pied des cocotiers, taillés par les hommes. Ce sont la forme et la taille de chaque palme qui me dictent le graphisme. En séchant, le masque se modifie encore, comme s'il continuait à vivre , il rétrécit ou s'élargit, se tord dans un sens ou dans l'autre. Ces kataras sont pour moi comme des mots que je n'arriverais pas à prononcer ou qu'on n'arriverait pas à entendre : une tentative pour communiquer avec mon environnement : naturel, humain et maintenant urbain. Des messages, des messagers.

    **La première partie ( une natte, 31 haikus, 50 masques) :dédiée aux femmes de
    Canala a été présentée au Centre d'art pendant le Festival des arts mélanésiens en
    2010.
    La seconde ( Un autoportrait en Océanie : 5 valises, une malle, 50 masques) dédiée
    aux élèves du lycée agricole de Pouembout est actuellement au Centre Culturel
    Tjibaou dans le cadre de l'exposition Ko Neva.




2 commentaires:

  1. au départ, il n'y avait pas d'humains sur les photos et puis il y a eu des rencontres. Cécilia m'a convaincue de choisir celle ci et elle avait raison. Merci Sophie.

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