samedi 31 mars 2012

Valises

J'aime les valises, spécialement celles qu'on a mises au rebut. Je regrette que la valise que nous avions  remplie de nos mots à Prague avec les élèves de l'école  ait disparu. C'était, je crois pour une exposition sur l'Autre et nous n'en avons plus jamais eu de nouvelles. Je crois qu'il existe une image dans le fond d'une des boites à photos sur l'étagère de la rue Clémot, celle qui était au dessus du piano avant que le piano n'émigre vers la rue de l'Amiral Pottier. Toutes mes valises sont au Centre Culturel Tjibaou. Je rêvais depuis longtemps de les utiliser.  Un peu comme là.(j'adore)


J'aime aussi les boîtes, les tiroirs, bref tout ce qui sert à ranger alors que je n'aime pas ranger.


( Un autoportrait en Océanie, 2ème volet de "Je vous salue dans le silence" à voir jusqu'en juin au Centre Culturel Tjibaou dans le cadre de l'exposition Ko Neva 2012.)

Ensemble


J'ai profité d'une  légère accalmie de la pluie et d'une  bourrasque  salutaire pour aller faire une moisson  de bambous et de kataras à la plage. Si je veux  avoir reconstitué le stock avant la semaine prochaine, il faut que j'accélère.

mercredi 28 mars 2012

distant friends


Nous avons mangé le pudim flan  du colis des 50 et j'ai mis en circulation le magnifique torchon Fougère arborescente, comme ça  je pense à toi, tous les jours, plusieurs fois par jour,  ( j'avais pensé  à l'afficher au mur mais bon c'est si beau de le voir sur le fil à linge). Tous les jours, je pense aux Açores en posant sur la table les sets de table que j'ai achetés à  Capelas à l'atelier musée de Maria Emilia. Tous les jours, je pense à Prague, en posant  sur la table les serviettes de table que j'ai achetées il y a 15 ans dans une petite boutique de Malastrana.  Mais mes souvenirs et mes pensées  ne sont pas que textiles et ménagères, même si ma nouvelle bande de kataras portent des bandanas comme dirait l'autre rigolote, en fait des manous, morceau d'étoffe  hautement symbolique là où je me trouve.

Distant friends est le nom de l'exposition de Camilla Engman et Ana Ventura à Lisbonne au centre culturel de Belem. Distant friends, comment dirait on ça en portugais . amigas a distancia ? si lointaines et si proches ,  nous le sommes avec Leila  dont le livre Edificio Libano ( immeuble Libano) vient juste de sortir à Rio mais qu'on peut déjà lire ici. Si on lit le portugais. Et qu'on peut quand même feuilleter, si on le  lit pas.


mardi 27 mars 2012

la nouvelle bande de kataras...


Elle s'organise, elle s'étoffe. Malgré la pluie et l'humidité qui n'aident pas ( les palmes de cocos sont gorgées d'eau) Elle se prépare à investir la ville et ses chemins de traverse. Pour le moment, elle a investi la meilleure place .



lundi 26 mars 2012

on ne se lasse pas de regarder


Elle a dit : c'est toujours les mêmes paysages.
Je ne crois pas : ce n'est  jamais la même lumière, jamais le même paysage.
On ne se lasse pas de regarder l'embouchure de la Tchamba. On ne se lasse pas de dire le nom : Tchamba. On ne se lasse pas de boire un thé à la menthe ou un citronnade en écoutant  du tango de Buenos Aires.
Un salon de thé en Brousse c'est incongru mais "fin bon"



Le Nevaho, juste après le pont de la Tchamba, en direction de Poindimié.

dimanche 25 mars 2012

La première papaye


Nous n'avons pas mangé le régime de bananes qui avait poussé dans le jardin. Quelqu'un l'a coupé pendant notre absence.
Jusqu'à présent tous les papayiers du jardin étaient des papayiers mâles qui fleurissent mais ne donnent pas de fruits. A force de semer des graines de papaye au fond du jardin,  voilà la première papaye.


Nous allons la regarder pousser et nous la mangerons verte et râpée,  avec du citron.

vendredi 23 mars 2012

Pochette surprise


Ma boîte à lettres n'est pas seulement une tirelire, c'est aussi un coffre aux trésors, une pochette surprise. How lucky I am. J'ai eu des nouvelles des kataras au Centre culturel Tjibaou, ça fait toujours plaisir. Je fais un peu l'aide soignante , je soigne les élèves infirmières qui trouvent que le Paradis, c'est pas le paradis.  Pour la guérir, je lui offre un billet tagué, mon activité favorite du moment. Je profite d'une apparition du soleil pour reprendre mes activités de laveuses. Je prépare le troisième volet de Je vous salue dans le silence pour l'exposition La ville et ses chemins de traverse. Et puis j'apprends le païci, la langue d'ici.






(Sur le billet : Cecilia Meireles et un poème de Manuel Bandeira)

Cecilia , tu es comme l'air : diaphane, diaphane
Mais l'air a ses limites. Toi, qui peut te limiter ?

jeudi 22 mars 2012

ma petite banque mondiale ( et amicale)


des riels cambodgiens, un billet vert, uma nota verde, ma boite à lettres ressemble à une tirelire...

thanks once more Paul, obrigadinha Sophie


C'est trop tard pour art et subversion mais  ma petite banque mondiale est en pleine expansion, il y aura une suite...

lundi 19 mars 2012

solide


Lorsque le vent se leva, elle remarqua que ses pieds restaient sur le sol. Elle était devenue solide comme le grand kaori.

Aux hommes et aux femmes que le vent emportait dans la forêt de kaoris, elle donnait à boire le jus d'écorce et de feuilles qui rend les hommes et les femmes solides comme le grand kaori, le jus d'écorce et de feuilles, qui donne
 aux hommes et aux femmes le pouvoir d'entendre la parole des arbres et de comprendre leur langage.

Kaora, les hommes et les femmes que le vent avait déposés là, dans la forêt des kaoris construisirent des cases et cultivèrent des champs. On raconte qu'ils y sont toujours.

On raconte que sur le rivage et dans la montagne, la même aventure arriva à d'autres hommes et d'autres femmes. Ils enlaçèrent des cocotiers, des bancouliers, des pins colonnaires, des houps, des bois de fer qui les rendirent solides. Des cocotiers, des bancouliers , des pins colonnaires, des houps, des bois de fer dont ils comprirent le langage.

On raconte aussi qu'il reste sur la terre des hommes et des femmes que le vent emporte. Légers, très légers Des hommes et des femmes qui s'envolent au moindre souffle d'air. Ils n'ont pas d'ailes comme les oiseaux, non, ils marchent sur la terre ferme et quand le vent se lève, il les emporte un peu plus loin..





dimanche 18 mars 2012

dormir longtemps



Or, un jour, il y eut une tempête et une femme fut emportée par le vent. Elle se retrouva seule au milieu d'une forêt de kaoris. Assommée par la bourrasque et par sa chute un peu brutale, elle dormit longtemps. Autour d'elle, les arbres se penchaient pour lui faire un abri, faisaient tomber leurs feuilles pour la protéger du froid pendant la nuit, agiter leurs branches pour en faire ruisseler des gouttes d'eau et la rafraîchir pendant le jour.

Quand elle s'éveilla, le silence enveloppait la forêt. Elle vit les feuilles qui la protégeaient, elle sentit les gouttes d'eau sur sa bouche. Elle se leva et enlaça le grand kaori le plus proche. Elle l'enlaça longtemps et il lui sembla entendre une voix s'échapper de son gros tronc. Oui, une voix qui disait :
«  je suis le grand kaori, je suis fort et tu seras forte comme moi. Je te donne le nom de Kaora. Arrache un peu de mon écorce, ajoutes- y quelques feuilles, mélange les à l'eau de pluie et plus jamais le vent ne t'emportera où il veut. Tu pourras choisir l'endroit où tu veux vivre, construire ta case et cultiver ton champ. »

La femme fit ce que le kaori lui avait dit. Elle arracha délicatement un petit morceau d'écorce et quelques feuilles, marcha jusqu'à une petite cascade, fit une coupe avec sa main gauche et y posa l'écorce et les feuilles. Elle attendit quelques minutes puis but l'eau de sa main gauche. Elle retourna ensuite près du grand kaori . Elle se nicha contre lui et se rendormit. Elle rêva beaucoup, longtemps.

Quand elle s'éveilla, Kaora entendit les arbres qui parlaient. Pas seulement l'écorce craquer et les feuilles bruisser mais elle entendit les mots des arbres et leurs conversations. Elle les entendit prononcer le nom que le grand kaori lui avait donné. Kaora.




( dormir longtemps, c'est ce qu'on aurait aimé faire mais  c'était hier l'inauguration de la boîte de nuit du village)

samedi 17 mars 2012

flottants et sans attaches


En ce temps-là, la terre était couverte de forêts. Les arbres, eux, avec leurs solides racines, trouvaient bien étranges ces êtres flottants et sans attaches. Ils essayaient bien de leur parler mais les hommes parlaient beaucoup entre eux. Ils parlaient fort entre eux et ils ne pouvaient pas entendre les arbres. Et s'ils avaient réussi à entendre le langage des arbres, il n'est pas sûr que les hommes l' eussent compris.

Quand les hommes se taisaient, au moment où ils s'endormaient et au moment où ils se réveillaient, ils entendaient tout juste l'écorce craquer sous le soleil, les feuilles bruisser dans le vent.

Sur le rivage, ils entendaient craquer les bambous, bruisser les palmes des cocotiers.

Dans la montagne, ils entendaient aussi craquer les bambous, bruisser les feuilles du kaori.

Mais jamais aucun homme ( ni d'ailleurs aucune femme, car en ce temps là bien sûr, il y avait aussi des femmes) aucun homme n'avait entendu les conseils que lui prodiguaient les arbres. Les arbres parlaient, chantaient, criaient parfois : Enlacez mon tronc, accrochez vous à mes branches, caressez mes feuilles. Vous ne connaissez pas le bonheur d'être enraciné dans une terre.


Plus que 3 jours pour écrire en Océanie





vendredi 16 mars 2012

comment les hommes ont trouvé leurs racines





En ce temps- là, les hommes étaient peu nombreux sur la terre. Peu nombreux et légers. Très légers. Ils s'envolaient au moindre souffle d'air. Ils n'avaient pas d'ailes comme les oiseaux, non, ils marchaient sur la terre ferme et quand le vent se levait, il les emportait un peu plus loin.


S'ils arrivaient sur le rivage, ils ramassaient les coquillages, les crabes et les plus habiles attrapaient des poissons avec leurs sagaies. Ils les cuisaient sur un feu et s'endormaient le ventre plein à côté des braises.

S'ils arrivaient dans la montagne, ils cueillaient des plantes, des fruits et les plus habiles, attrapaient un oiseau avec leurs sagaies. Ils les cuisaient sur un feu et s'endormaient le ventre plein à côté des braises.

Parfois, bien sûr, ils regrettaient de quitter le lieu où ils vivaient. Mais ils ne cherchaient pas à résister au vent.  (...)

 Encore 4 jours pour Ecrire en Océanie



jeudi 15 mars 2012

au jardin




pluie et chaleur : ça fait pousser les pamplemousses, les avocats et les pommes cannelle dans le jardin de Valérie.

mercredi 14 mars 2012

pas la faute à Voltaire, non

ça commence ce soir mais je n'y serai pas. Il pleut beaucoup trop pour prendre la route.

St Exupéry n'est toujours pas arrivé. Voltaire l'attend toujours...

mardi 13 mars 2012

couleur terre



Vu du jardin, un jour de grandes pluies. Tout est vert et l'eau des creeks et de l'océan ont la couleur de la terre. Les nouveaux kataras aussi.

lundi 12 mars 2012

Amusés et intimidés


C'est avec une certaine émotion que je vous annonce que mes kataras sont en visite au musée jusqu'au mois de juin et ça vous laisse largement le temps de venir les rencontrer. On n'avait pas le droit de photographier et de toucher mais c'est la semaine d'Art et subversion et je n'ai photographié qu'eux.  La valise  en cuir n'est pas à la bonne place, elle cache les inscriptions sur la malle trouvée dans la rue à Lisbonne  mais ce n'est pas bien grave ...


Peu de temps après mon arrivée à Canala, j'ai commencé à peindre ces masques que j'ai appelé « katara », mot que j'ai emprunté à la langue xaracuu. J'ai ramassé ces restes de palmes au milieu des feux destinés à s'en débarrasser ou au pied des cocotiers, taillés par les hommes. Ce sont la forme et la taille de chaque palme qui me dictent le graphisme. En séchant, le masque se modifie encore après mon intervention, comme s'il continuait à vivre , il rétrécit ou s'élargit, se tord dans un sens ou dans l'autre. Ces kataras sont pour moi comme des mots que je n'arriverais pas à prononcer ou qu'on n'arriverait pas à entendre : une tentative pour communiquer avec mon environnement : naturel et humain. Des messages, des messagers.

Depuis trois ans, j'offre ces kataras à tous ceux qui leur témoignent de l'intérêt. Ils sont un objet de médiation, de communication, d'échange.
L'an dernier, au lycée agricole de Pouembout, j'ai pu passer une après midi à peindre des kataras avec les lycéens (sous la responsabilité de leur professeur Ledji Below) C'est à ces jeunes Calédoniens de toutes origines que je dédie cette installation.
J'ai choisi de présenter ma « collection » de kataras dans des valises. Depuis des années, je collectionne les malles et valises abandonnées, je les ai trouvées dans les rues des villes où j'ai vécues ou dans les brocantes. Certaines sont un héritage familial.


Je viens d'un pays qui en s'urbanisant et s'industrialisant s'est éloigné de la nature. Je suis celle qui pose ses valises et regarde ce monde nouveau qui l'entoure. Non pour le conquérir ou le détruire. Pour apprendre. Pour partager.


Cette installation est la seconde partie de la série : « Je vous salue dans le silence *» la première partie a été présentée au Centre d 'Art pendant le Festival des Arts Mélanésiens 2010.

*Titre empunté à un vers de Leopold Sedar Senghor dans « Prière aux masques »

Masques ! Ô Masques !
Masque noir masque rouge, vous masques blanc - et noir -
Masques aux quatre points d'où souffle l'Esprit
Je vous salue dans le silence !


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dimanche 11 mars 2012

11 mars 2011-11 mars 2012


Par la fenêtre du train, entre les Aubrais et Blois, décembre 2011.
Je me souviens qu'au lycée , j'ai fait un exposé sur les serres chauffées avec l'eau de refroidissement de la centrale nucléaire de St Laurent  des eaux. Je me souviens qu'une visite des lieux avait été prévue et finalement annulée.  C'était la fin des années soixante dix et la propagande des bienfaits du nucléaire avait encore de beaux jours, ma  pauvre Loire.

samedi 10 mars 2012

nice collection


Le tee shirt "I'm Mr Darcy" a eu un franc succès sur les sentiers de randonnée néo zélandais  auprès des dames de soixante ans, familières de Jane Austen. "Hi, Mr Darcy, how are you, today"
Tout le monde ne parle pas de mon blog mais parfois, ça arrive . Merci coscha

jeudi 8 mars 2012

En vol ( envol ? )

Le billet de 50 F à l'effigie de St Exupéry est quelque part entre Rochefort et Poindimié. Posté et pas arrivé à temps pour l'expo Art et subversion. Après avoir fouillé dans les paroles de Prince sur les conseils de Wébé, découvert un chanteur folk punk  et sa chanson little prince, j'avais choisi une citation moins subversive de Vol de nuit : Nous sommes riches aussi de nos misères. Je confesse que la subversion n'est pas dans ma nature.


"Art et subversion".
du 14 mars au 16 mai.
L’année 2012 s’ouvre sur une double exposition collective qui a fait l’objet d’un appel à projet auquel 13 artistes (Silvia Rongeart, Christine Choffey, François Uzan, Marc Faucompré, Julien Berger - BERG, Nicolas Molé, Kollectif d'anonymos, Marie Volle et Thierry Mangin, Nhu Tran-Machu, Nathalie Kernéis, Jean-Pierre Poulain et Evelyne Colle) ont répondu.
12 œuvres (peintures, installations et diaporama) seront ainsi exposées au Centre d’Art et à la Maison du Livre de Nouvelle-Calédonie